Conférence de la Libre Pensée et de l’association laïque des amis des monuments pacifistes de la Manche.
Le 11 novembre rituellement se veut la célébration de la victoire de 1918. Depuis maintenant 4 années les libres penseurs de la Manche organisent ce rassemblement pacifiste au monument d’Equeurdreville.
Ce monument en lui-même mérite commémoration. Son édification ne fut d’ailleurs pas si simple et c’est à l’obstination du maire de l’époque Hyppolite Mars que nous devons cette réalisation exprimant aussi fortement par cette simple phrase « que maudite soit la guerre », plus qu’un rejet de la guerre, mais la résistance à la guerre. Il ne s’agit pas pour nous de sacraliser l’œuvre de tel ou tel homme politique. Elle n’est que l’aboutissement d’une conscience collective qu’Hyppolite Mars a su mieux que d’autres transcender. C’est le propre de l’homme politique dans toute son honnêteté. Celle de respecter le mandat de sa commune dont la plus grande partie des habitants pourtant vivait de la fabrication militaire
Ce monument ne fait, pour l’instant à notre connaissance, pas l’objet d’une demande de classement historique. Si ce classement doit perrénniser la volonté pacifiste d’une génération nous le revendiquerons âprement.
Car en clamant l’opposition à être transformé en chair à canon, se dessine la conscience d’un peuple, d’une nation qui exprime sa volonté de créer des liens de fraternité avec les autres peuples pour un développement social de tous.
Ce développement social, cette organisation de la société qu’il impose au service de l’homme se heurte inévitablement à l’intérêt de ceux qui nous gouvernent encore. Ceux qui vivent de l’exploitation de l’homme, du pillage de la planète à leur seul profit, ceux qui s’empêtrent dans cette contradiction qu’il ne suffit pas de produire pour en tirer profit, encore faut-il vendre et que pour vendre il faut alimenter le flux monétaire et donc diminuer leur profit.
A moins de produire de l’inutile, du spéculatif, du destructif quitte à dérégler l’équilibre financier mondial entre richesse consommées et masse monétaire.
Contradiction du capitalisme qui s’appuie sur l’exploitation de l’homme par l’homme déjà par nature génératrice de conflits, et sur la nécessité de faire consommer les exploités pour que la richesse produite se transforment en richesse vendue.
A cette contradiction le capitalisme ne connaît comme solution que la destruction des moyens de production. Dans cette phase, l’armement devient un produit à haute valeur spéculative, puisqu’il est pour celui qui se le procure, l’outil du pouvoir. Il est facile à imaginer la satisfaction des Wendel et des Krupp après l’assassinat de Jaurès. Les affaires devenaient prospères.
Pour les peuples, on connaît le résultat de cette prospérité : des millions de morts !
Et trente ans après, ils recommençaient.
Depuis, sans que le conflit soit mondial, la guerre est partout.
Tout d’abord l’Irak : 650 000 morts depuis l’invasion anglo-américaine.
Un pays détruit, sans école sans hôpitaux, où les clans religieux se partagent le pouvoir. Une nation que l’histoire a patiemment cimentée avec ses contradictions certes, une nation qu’au nom des communautés religieuses on morcelle, on fragmente, enfermant les haines dans des ghettos en exacerbant les différences.
C’est la Palestine où par une décision inique de l’ONU, de constituer un état religieux sur une terre aux clivages religieux importants, on a déplacé, exproprié des gens de leur terre, de leur histoire. A l’illégitimité des uns s’ajoute aujourd’hui les trahisons des autres. Les sphères bureaucratiques du mouvement palestiniens eux-mêmes aujourd’hui amènent les palestiniens à se déchirer entre eux, alimentant un terrorisme désespéré servant d’alibi au massacre de populations par l’armée israélienne. Le marché est juteux et pérenne.
L’issue, mes Chers Camarades, n’est elle pas dans un état laïque ou les droits de chacun seront respectés ? On mesure mieux ici, l’importance de notre République une, indivisible, laïque et démocratique et l’importance de notre loi de séparation des églises et de l’Etat et comment ses principes aujourd’hui encore dérangent les fauteurs de guerre et les faiseurs de dieux.
C’est aussi la côte d’Ivoire, le Tchad voisin d’un Soudan si riche en ressources minières dont le pouvoir sur cette région alimente une guerre tribale qui jette des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vers le désert et vers la mort.
Bien souvent tout cela se couvre du nom de dieu. Ainsi le chef d’état-major de l’armée américaine affirme face sans doute au scepticisme des soldats sur le terrain, que la stratégie de Donald Rumsfeld, ex-ministre de la guerre américain est guidée par la main de dieu. Si c’est la volonté divine, alors…
La main de dieu en mégatonne de bombes diverses et variées.
Ainsi capitalistes, hommes politiques, militaires et religieux mènent une union sacrée contre l’homme. L’homme qui tend à la liberté, qui revendique, qui aspire à bénéficier des richesses qu’il produit, l’homme qui veut vivre tout simplement, à sa manière, librement.
Dans leur union sacrée, il leur faut piétiner les dignités, il leur faut amputer toute conscience.
L’armée forme des individus pour tuer, je devrai dire pour assassiner des enfants, des innocents, autant de dégâts collatéraux. C’est l’armée de métier. Oxymore amère, l’armée ayant pour but de détruire, le métier ayant pour utilité de confectionner. Armée de métier, car les dirigeants de ce monde ont assimilé le refus des populations à aller se faire massacrer à la guerre. Ils ont assimilé les périlleuses fins de guerre même victorieuses qui voient les soldats s’insurger contre leurs généraux et parfois même contre les gouvernants. 1917 bien sur, mais également 1974 quand les ouvriers de Salonique ont refusé de combattre les turcs, déclenchant la fin de la dictature des colonels. Et comment ne pas évoquer le tremblement de terre politique d’après la deuxième guerre mondiale avec la rentrée des prisonniers parfois armée, entonnant l’internationale, où le capitalisme français a du lâcher les plus grandes lois sociales.
Alors aujourd’hui, les gouvernement n’envoient plus les peuples se faire massacrer, ils paient des mercenaires pour massacrer les peuples. C’est le retour au moyen âge des armées de seigneurs.
Pour terminer, je voudrai évoquer la mémoire d’hommes victimes d’un semblant de justice expéditive pour ne pas dire exécutive. L’armée ne supporte pas les résistances encore moins dans son propre sein. Elle fusille pour l’exemple, après des parodies de justice dans des tribunaux militaires voués à l’avancement des généraux.
Alors l’union sacrée couvre. Faut il rappeler l’opiniâtreté servile de l’académie de la Manche refusant l’inscription du soldat Maupas à la plaque commémorative de l’école normale en souvenir des instituteurs morts aux combats. Lui aura une amère petite chance posthume, grâce au combat de sa femme Blanche dont notre groupe s’honore de porter le nom, il sera réhabilité 15 ans plus tard. Mais les autres, ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir dans leur entourage des appuis pour réclamer le respect de leur dignité, ceux qui ont eu dans leur entourage des proches qui dans les conditions dures de la vie ont baissé les bras, dans ce qui peut sembler l’implacable lutte du pot de terre et du pot de fer.
C’est pour tous ceux là que la Libre Pensée, dans une lettre ouverte au premier ministre, appelle le gouvernement à réhabiliter tous ces Hommes, à l’instar de la Grande Bretagne. Chers Amis, nous vous invitons à signer cet appel.
Ce combat est-il dérisoire ? Non, c’est le combat contre cette union sacrée qui est au « dé-service » de l’homme.